Le projet de plaidoyer pour le Mouvement de l’agriculture locale et solidaire lancé à Rome
Par l’équipe du projet « Voices for CSA », Rome, 13 octobre 2018.
Crédit photo : Jule Hesse.
La capacité de plaidoyer d’Urgenci est essentielle pour renforcer le rôle du mouvement de l’Agriculture locale et solidaire (CSA en Anglais pour « Community Supported Agriculture ») aux niveaux local et mondial. En tant que mouvement social mondial, les CSA et leurs réseaux doivent travailler ensemble pour montrer comment ils contribuent à relever les défis mondiaux liés au système alimentaire. C’est pourquoi Urgenci a lancé un projet pour élaborer une stratégie collective de plaidoyer dans l’ensemble des réseaux membres européens, dont le Miramap. Il répond ainsi à l’un des objectifs clés qui ont été fixés par la 6e Conférence internationale Urgenci à Pékin en 2015.
La réunion de lancement du projet a été organisée par la Schola Campesina au Biodistretto della Via Amerina e delle Forre, à 50 kilomètres au nord de Rome. Comme l’explique Andrea Ferrante, qui coordonne la Schola, « La Schola Campesina a été créée en 2017 en tant qu’école internationale d’agroécologie pour la construction et le partage des connaissances collectives pour la souveraineté alimentaire, en se concentrant sur la gouvernance mondiale de l’alimentation et l’agriculture. La relation établie avec Urgenci renforce le rôle de la Schola Campesina pour soutenir les mouvements sociaux dans leurs luttes collectives au niveau mondial et local ».
« Les CSA sont un nouveau modèle pour les chaînes d’approvisionnement courtes et l’agriculture et l’économie solidaires. Il est nécessaire de les envisager dans un contexte plus large comme un élément clé de la construction de systèmes alimentaires durables. »
La première journée de la réunion a été consacrée au partage des connaissances collectives sur le rôle des mouvements sociaux au sein des agences des Nations Unies basées à Rome, l’histoire, l’articulation et le travail du Comité sur la sécurité alimentaire mondiale (CSA) et du Mécanisme de la société civile (MSC du CSA), et l’importance cruciale du Comité international de planification pour la souveraineté alimentaire (CIP) pour rassembler les mouvements sociaux comme plate-forme pour établir des stratégies et des positions collectives. Selon Veikko Heinz, membre du Conseil et du Comité directeur de Solawi, en Allemagne, c’est très pertinent car « les CSA sont un nouveau modèle pour les chaînes d’approvisionnement courtes et l’agriculture et l’économie solidaires. Il est nécessaire de voir cela dans un contexte plus large comme un élément clé de la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) et de la construction de systèmes alimentaires durables ». Emily Mattheisen, de FIAN, a par ailleurs apporté enrichi le débat par sa contribution sur toutes les questions de gouvernance mondiale.
La deuxième journée s’est concentrée sur les témoignages pratiques de deux membres expérimentés du mouvement pour la souveraineté alimentaire. Javier Sanchez du COAG, membre de Via Campesina en Espagne, et Ibrahima Coulibaly, président du CNOP, le syndicat des agricultureur·rices familiaux·ales au Mali. Ibrahima Coulibaly a contribué au plaidoyer paysan au Mali en faveur de la création d’une loi sur l’agriculture et le régime foncier : « La seule façon de résoudre les problèmes dans le monde d’aujourd’hui est de se concentrer sur les aspects relatifs aux droits humains. Il est essentiel que tous les peuples de tous les pays aient droit à une vie digne et ne soient pas privés des ressources qui leur permettent de se nourrir et de nourrir leurs concitoyen·nes ».
Isa Alvarez, l’actuelle membre du Comité de coordination du MSC représentant Urgenci dans le collège des consommateurs, et chargée de plaidoyer au sein d’Urgenci, a présenté les expériences sur le terrain et la politique du MSC. Elle a souligné la nature essentielle de ce projet car « nous avons besoin d’un groupe de personnes qui perçoivent l’importance du plaidoyer à tous les niveaux, du local au mondial, et qui sont intéressées à construire des alliances comme une équipe collective de plaidoyer Urgenci ». Elene Shatberashvili de Géorgie et Kannaiyan Subranamiam d’Inde ont également partagé leur expérience de terrain au sein du Comité de coordination du MSC.
Samedi et dimanche, le groupe de 25 membres d’Urgenci provenant de 9 pays européens ont rejoint le Forum de la société civile à Rome, au siège de la FAO. Il s’agissait de la réunion annuelle de tous les groupes impliqués dans les processus d’élaboration des politiques du Mécanisme.
Comme l’a déclaré Sodeh Hamzehlouyan, co-présidente du Réseau AMAP IdF, à propos de cette première de quatre réunions, « cette expérience nous permettra de créer des liens plus efficaces entre notre plaidoyer de base et ce que fait Urgenci au niveau politique international ».
Le projet « Voices for CSA » est financé par le programme Erasmus+ de l’Union européenne.